Le phénomène en croissance de conversion de domaines viticoles en Bio est issu de la volonté conjointe de respecter la nature et de créer des vins plus purs, aux arômes plus intenses, de retrouver un goût plus vrai dans l’exigence. Retrouver le goût des vins d’avant la révolution chimique des années 1960, tout en bénéficiant des avancées technologiques et scientifiques permettant de contrôler au mieux les aléas naturels. Cela répond également à une demande grandissante de produits sains, dont la production respecte la nature, et à un engagement éco citoyen de plus en plus répandu.
Le phénomène du vin Bio
Ce n'est qu'après la seconde guerre mondiale, dans les années 60, alors que l'agriculture intensive connait un grand succès, que l'agriculture biologique apparait en France. La Communauté Européenne reconnaît officiellement l'agriculture biologique en 1991, puis édite en 1999 les règles relatives à la production, l'étiquetage et l'inspection en matière d'élevage.
La viticulture Bio entre dans cette catégorie et connaît au sein de "la Bio" la croissance la plus spectaculaire. En effet, le nombre de viticulteurs engagés en agriculture biologique a augmenté de 40% entre 2008 et 2009. Ce chiffre ne cesse de progresser : il devrait doubler d'ici à 2012 selon l'Agence Bio (Ministère de l'Agriculture et de la Pêche).
Le vignoble en Bio ou en conversion (3 ans), autrement dit l’offre de vin Bio, est en augmentation puisque face à une demande en forte croissance. En effet, au sein d’un marché du vin en difficulté en France et dans les pays traditionnellement consommateurs et producteurs, comme l’Italie et l’Espagne, le vin Bio est en progression à contre-courant du vin en général.
Vin Bio, définitions
On peut globalement classer les exploitations viticoles en 4 grandes familles :
· L’agriculture conventionnelle :
La charte commune est soutenue par plusieurs organisations des principaux pays producteurs européens :
AIAB (Associazione Italiana per l'Agricoltura Biologica - Italie),
Féderbio (Fédération d'agriculteurs Bio - Italie),
ICEA (Istitutio per la certificazione etica e ambiantale - Italie),
CCPB (certification Bio - Italie),
FIRAB (Fondation pour la recherche en agriculture biologique et biodynamique - Italie),
ITAB (Institut Technique de l'Agriculture Biologique - France),
FNIVAB (voir plus haut - France),
SEAE (Sociedad Española de Agricultura Ecológica - Espagne),
Bio Suisse et Demeter Suisse.
(Le secrétariat est assuré par l'ITAB, appuyé par la FIRAB).
· L’agriculture conventionnelle :
Pur produit des Trente Glorieuses (ces années de l’après-guerre où il s’agissait de produire toujours plus afin de nourrir le plus grand nombre), l’agriculture conventionnelle privilégie les rendements. Le sol est considéré comme étant un simple support pour les plantes. L’agriculture conventionnelle reste largement la plus répandue.
=> Les vignes sont traitées chimiquement très régulièrement. Le sol est désherbé chimiquement.
· L’agriculture raisonnée :
Apparue au début des années 1990, l’agriculture raisonnée possède depuis 2002 une reconnaissance officielle. Pour le producteur, il s’agit de s’inscrire dans une optique de respect de l’environnement. C’est une démarche volontaire sans aucune obligation ni contrôle. Les institutionnels (syndicats et associations de producteurs) poussent en ce sens et cherchent à convaincre le maximum de producteurs à signer une charte raisonnée.
=> Les vignes sont traitées chimiquement seulement si le besoin s’en fait sentir et avec le produit le moins nuisible à l’environnement. Le sol est désherbé le plus souvent (chimiquement ou mécaniquement) mais peut être ré-enherbé en milieu de rang. Certains producteurs peuvent être très proches du bio.
· L’agriculture biologique :
L’agrobiologie repose sur le rejet de tous produits chimiques, pesticides, fongicides ou fertilisants. Pour pouvoir être certifiés, les domaines doivent se soumettre à des contrôles réguliers par un organisme accrédité. Il faut 3 ans pour convertir un domaine à l’agrobiologie, la première récolte en bio certifié étant celle de la 4e année après l’arrêt d’utilisation des produits chimiques. Cultiver sa vigne en bio requiert plus de main d’œuvre.
=> Les vignes sont traitées avec des produits d’origine naturelle pour aider la vigne à se défendre par elle-même, les apports sont des fumures organiques. La lutte contre la maladie reste la plus délicate (c’est d'ailleurs la raison pour laquelle il est plus facile d’être en bio dans le Roussillon qu’en Vallée de la Loire ou en Champagne) et les fongicides autorisés sont à base de soufre ou de cuivre (la fameuse bouillie bordelaise).
· La biodynamie :
La biodynamie peut être considérée autant comme une philosophie que comme un mode de culture. Cette pratique s’appuie sur les travaux de Rudolph Steiner, fondateur dans les années 1920 de l’anthroposophie : la terre est vue comme un ensemble vivant et le viticulteur s’efforce de favoriser la vie des sols qui en retour lui donneront de beaux raisins. La biodynamie appliquée à la vigne a été vulgarisée en France par Nicolas Joly qui a converti son domaine La Coulée de Serrant au milieu des années 80. Le nombre de domaines en biodynamie est extrêmement faible (< 10% des surfaces en bio) ; en revanche ce sont très souvent des domaines marquants en terme de qualité.
=> Des préparations naturelles (les préparâts) sont pulvérisées à dose homéopathique pour traiter les vignes ou vivifier le sol. Les vignes sont labourées. Comme en Bio classique, la bouillie bordelaise peut être utilisée contre le mildiou.
Labels rencontrés : Demeter, Biodyvin
· Vin naturel ?
Le terme « Vin Naturel » est couramment employé depuis quelques années mais il reste imprécis. Pour certains, les vins naturels sont les vins sans soufre ajouté, pour d’autres ce seront simplement les vins bios qui n’utilisent que des levures indigènes. De plus le terme Vin Naturel prête très fortement à confusion puisqu’il laisse supposer que le vin peut s’élaborer tout seul (ce n’est pas possible : sans intervention humaine, le jus de raisin devient du vinaigre et non du vin). Vin "nature" serait plus approprié.
· Vin naturel ?
Le terme « Vin Naturel » est couramment employé depuis quelques années mais il reste imprécis. Pour certains, les vins naturels sont les vins sans soufre ajouté, pour d’autres ce seront simplement les vins bios qui n’utilisent que des levures indigènes. De plus le terme Vin Naturel prête très fortement à confusion puisqu’il laisse supposer que le vin peut s’élaborer tout seul (ce n’est pas possible : sans intervention humaine, le jus de raisin devient du vinaigre et non du vin). Vin "nature" serait plus approprié.
Enfin, une fois le raisin Bio pressé, reste à la vinifier en Bio, ce qui n'est à ce jour toujours pas l'objet d'une réglementation solide.
Vers une Charte Européenne de Vinification Bio
En matière de vinification, le vigneron ayant ses vignes certifiées Bio n’a pas plus de contraintes que les vignerons conventionnels : il est autorisé au mêmes doses de soufre, à l’usage de levures exogènes par exemple. Le soufre est utilisé lors de la vinification pour ses propriétés antiseptiques et anti-oxydantes. Il permet de stabiliser les vins. A haute dose, le soufre peut avoir des effets sur l’organisme et tend à durcir le vin.
Il est donc faux de penser que vin Bio est égal à vin sans soufre. Toutefois, un grand nombre de vignerons qui conduisent leur vignoble en Bio sont très vigilants à conserver le plus de naturel possible (c'est-à-dire à utiliser le moins possible de produits chimiques) dans leur chai afin de mettre en valeur le travail de la vigne.
Certains ont d’ailleurs adhéré à la charte de la FNIVAB - Fédération Nationale Interprofessionnelle des Vins de l'Agriculture Biologique - qui établit les règles de transformation des raisins bio en vin au cours de la vinification, de l’élevage et du conditionnement.
Une nouvelle Charte Européenne de Vinification Bio - CEVinBio (EOWC) vient de voir le jour, censée réunir toutes les initiatives disparates européennes ainsi que les recommandations de la Commission Européenne sur la vinification biologique, émises en janvier 2010. Les raisons de la mise en place de cette charte sont multiples : pallier l’absence de réglementation européenne commune pour la vinification biologique dont la profession a besoin pour mettre en valeur ses démarches, mais aussi garantir aux acheteurs et consommateurs une transparence sur les procédés de vinification.
La charte commune est soutenue par plusieurs organisations des principaux pays producteurs européens :
AIAB (Associazione Italiana per l'Agricoltura Biologica - Italie),
Féderbio (Fédération d'agriculteurs Bio - Italie),
ICEA (Istitutio per la certificazione etica e ambiantale - Italie),
CCPB (certification Bio - Italie),
FIRAB (Fondation pour la recherche en agriculture biologique et biodynamique - Italie),
ITAB (Institut Technique de l'Agriculture Biologique - France),
FNIVAB (voir plus haut - France),
SEAE (Sociedad Española de Agricultura Ecológica - Espagne),
Bio Suisse et Demeter Suisse.
(Le secrétariat est assuré par l'ITAB, appuyé par la FIRAB).
Alors bien sur, l'édification de cette Charte est une bonne nouvelle pour le vin Bio et pour l'harmonisation de la réglementation en matière de vinification Bio. Pour autant, elle n'en est qu'à ses tous débuts et n'a encore pas pu avoir de conséquences notables.
Ce qui est certain, c'est que plus il y aura d'adhérents, viticulteurs, inter-professions et négoces, plus le label sera reconnu et plus les avantages liés augmenteront en termes d'image et de valeur ajoutée.
C'est aujourd'hui aux adhérents à cette charte de la faire connaître et de s'en emparer comme d'un outil de travail, mais également de communication, comme ce fut le cas avec la certification AB créée dès 1985, ou avec le sigle européen de 2009 encore peu reconnu.
Vinicity
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